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Simène et Marlon au Ghana
15 septembre 2008

Au boulot

Parlons un peu sérieusement. Il s’avère que jusqu’ici nous ne nous sommes pas beaucoup étendus sur la partie de notre séjour concernant le travail. Pourtant, nous travaillons !

Comme nous vous l’avions expliqué précédemment, le but de notre stage est d’estimer l’impact de l’exploitation des bois sur les stocks de carbone en forêt.

Nous effectuons nos mesures dans la forêt nommée « Boi Tano », au sud du Ghana, dans la zone écologique « evergreen » (= toujours verte). C’est-à-dire que nous sommes dans la zone du Ghana où il pleut le plus : plus de 2000 mm par an ! Ca mouille !…mais pour l’instant nous n’avons pas beaucoup plus souffert de la pluie que lors de nos sorties terrain en Lorraine !

Nous effectuons nos mesures sur des placettes (ou plot en anglais) de 1 hectare (des carrés de 100 m par 100 m).

Un article précedent expliquait comment nous avions tracé ces plots autour d’un arbre central, supposé être exploité par la suite.

Cependant, nous avons parfois eu quelques difficultés dans cette « quête de l’arbre idéal ». A notre plus grand désarroi, nous nous sommes rendus compte que l’équipe d’exploitation avait en fait déjà coupé certains arbres de notre compartiment (bien que le début de l’exploitation soit prévu en octobre)…et nous sommes censés faire notre inventaire « pré-exploitation » dans une zone qui n’a PAS encore été exploitée…d’où une certaine frustration lorsque nous trouvons l’arbre que nous avions choisi sur le papier, et que nous avons cherché dans la forêt pendant une demi heure…étendu devant nous. Ce désarroi se transforme en désespoir lorsque nous trouvons 5 arbres consécutifs dans ce cas là et que nous passons donc une demi-journée à la recherche d’un arbre qui n’aurait pas encore été exploité!

Nous vous rassurons, nous avons tout de même réussit à tracer nos 15 placettes !

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Une personne à la boussole...l'autre part devant avec la machette.

Quelques obstacles sont venus mettre un peu de piment dans tout ça : un nid d’abeilles ou de guêpes dissimulé sur notre chemin (certains en ont malheureusement fait les frais) ; la pluie s’invitant dans la forêt…le vertex (appareil électronique calculant les distances grâce à un système d’ultrasons) ne veut alors plus fonctionner et nous sommes obligés d’utiliser le bon vieux mètre ruban (si nous avons pensé à le prendre !), un chablis (certains professeurs auraient plutôt dit « arbre renversé ») nous oblige à faire quelques acrobaties lorsqu’il est sur notre ligne…

Nous voilà ensuite partis pour la deuxième phase de notre travail : l’inventaire des arbres.

Dans chaque « sous-plot » de 12,5 m par 12,5 m (il y en a 4 par grand plot), nous mesurons tous les arbres et lianes de diamètre supérieur à 2 cm ! Autant vous dire qu’il y a du monde ! Lorsqu’un arbre est mesuré, nous y mettons une marque de peinture, pour être sûrs de ne rien oublier.

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Mesure d'un diametre a l'aide d'un compas forestier.

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Nous repeignons la foret...

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N'ayons plus assez de peinture rouge, nous avons ajoute du blanc dans le pot...il existe maintenant quelquepart au Ghana un hectare d'arbres aux couleurs de la FIF!

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"Quand je serai grande, je serai plus grande que lui!"

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On est si peu de choses...

Vous comprendrez donc qu’à moins d’avoir pris dans son sac à dos une échelle de 10 m de haut, le compas forestier n’a plus aucune utilité ! Simon et son relascope (appareil permettant de mesurer les diamètres à distance !) entrent alors en jeu.

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A ne surtout pas faire...car vous mesurez alors la largeur des contreforts et non le diametre de l'arbre! Mais nous avons eu beaucoup de mal a expliquer ca a nos co-equipiers!

Pour cette phase d’inventaire, c’est l’équipe de la Samartex nous accompagnant qui est la plus active. En effet, nous sommes supposés relever les noms des espèces que nous mesurons…ayant déjà eu pas mal de mal à apprendre à reconnaître les 40 espèces françaises, nous sommes totalement incapables de mettre un nom sur les centaines d’espèces que l’on peut croiser ici ! L’équipe d’inventaire qui nous aide est elle assez spécialisée en la matière…et elle a été capable de mettre un nom sur environ la moitié des arbres croisés sur nos plots. Au jour d’aujourd’hui nous avons répertorié 108 espèces d’arbres différentes sur nos fiches de relevés !

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Ici la couleur de la sève sert bien souvent a l'identification d'une essence. Ici, la seve est jaune petard! Nous avons aussi croise du rouge, du blanc, du noir...il y en a pour tous les gouts!

Il nous faut aussi estimer le pourcentage de recouvrement des petites plantes (herbes, semis…) et des buissons, et prendre des photos de la canopée (nous précisons d’ailleurs que le mot « canopée », que nous avions déjà utilisé dans un des articles précédents, désigne l’ensemble des couronnes des arbres d’une forêt (i.e. est les feuilles que vous voyez en levant la tête)). Un logiciel spécial nous permettra ensuite d’estimer le pourcentage de couvert de la canopée.

Le travail de terrain est fini pour cette phase-ci…mais nous avons encore du pain sur la planche : les noms donnés par l’équipe d’inventaire sont les noms locaux…nous voilà partis, bouquins à la main, à la recherche des noms scientifiques correspondants. Et un même arbre peut avoir jusqu’à 3 noms locaux, qui peuvent chacun être écrits de 3 ou 4 manières différentes (ici, on écrit comme on entend…alors si on entend mal…) !

…il nous reste encore à entrer quelques milliers de mesures dans nos ordinateurs…et le tour est joué !

Prochaine étape : relever des échantillons de sol, mesurer la biomasse morte et prendre des points GPS sur nos plots avant l’exploitation.

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Esperons seulement ne pas recroiser l’araignee que nous avions rencontree…grosse comme un poing, elle etait si bien dissimulee par sa couleur que Simon a failli lui mettre sur le front un trait de peinture rose en voulant marquer un arbre.

Puis dans chaque « sous-plot » de 25 m par 25 m (4 par grand plot), nous mesurons tous les arbres de  diamètre compris entre 20 et 50 cm.

Enfin, tous les arbres de diamètre supérieur à 50 cm sont relevés dans le plot de 1 hectare. Pour ces derniers, nous mesurons aussi la hauteur avec le vertex (décidément, cet appareil a de nombreuses fonctions cachées). Cette mesure est souvent assez compliquée à effectuer : elle nécessite d’être à une certaine distance de l’arbre (au moins 20 m), tout en gardant en vue sa cime ! Dans les forêts françaises cela peut se faire assez facilement. Dans les forêts tropicales, c’est une autre histoire : la densité du couvert permet rarement de voir le sommet des arbres. Deuxième difficulté pour les gros arbres : ils ont souvent d’assez gros contreforts.

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